lundi 3 octobre 2016

L'élégance des veuves - Alice FERNEY

Quatrième de couverture: " Le spectacle se donne sans fin. Car l'instinct fait germer la chair, le désir la pousse, la harcèle quand elle s'y refuse, jusqu'à tant qu'elle cède, s'affale, se colle à une autre, et que s'assure la pérennité des lignées amoureuses. " 

Cela se produit de multiples fois, sans relâche, cela s'enchaîne avec beaucoup de naturel et de grâce. Un cycle sans fin pousse les femmes à se marier, à enfanter, puis à mourir. Ainsi va le temps, secoué par le rythme des naissances et des morts, quand le besoin de transmettre l'emporte sur le désespoir de la perte d'un être cher. Un long fil de désir passe au travers des générations.
Ce court roman d'une douce gravité est un hymne à la vie et au pouvoir fécondant de la femme.


L'Avis de Laetitia

Mon histoire avec le livre: Je ne connaissais pas cet ouvrage, avant d'avoir découvert la bande annonce du film " Eternité" qui m'a de suite attiré. J'ai souhaité d'abord lire le livre avant d'envisager d'aller le voir au cinéma.

Mes impressions: Ce roman, court par son nombre de pages, est d'une intensité incroyable. J'ai continué à penser aux personnages et à leurs destins plusieurs jours après avoir terminé ma lecture et cette sensation est l'une de mes préférées dans la lecture. Je me suis retrouvée dans l'incapacité de laisser totalement Valentine, Mathilde et Gabrielle.

Grâce à Alice Ferney, nous sommes plongés au début du 20ème siècle. Les couples se marient, les femmes enfantent dans la douleur à de multiples reprises, assistent avec désespoir aux décès de leurs maris ou fils à la guerre et finissent dans la solitude leurs vies, marquées par le sceau du chagrin et des deuils.

"La vie reprend, disait Gabrielle. Mais l'altération est éternelle, dirait-elle à une jeune belle-fille. Elle dirait : voyez-vous on ne s'en remet jamais. On fait semblant de vivre, on croit même que l'on y parvient, mais quelque chose est brisé."

Chaque ligne est écrite avec beaucoup de délicatesse et d'humanité. La maternité est ici un point d'ancrage très fort et elle est décrite avec beaucoup de douceur et de tendresse. Ces passages m'ont particulièrement touchées.

"Elle réussit cette impossible mission : armer ses enfants pour vivre alors qu'elle croyait capituler. Des quatre qui lui restaient, trois d'ailleurs n'étaient plus des enfants. Seul Pierre, qui n'avait que neuf ans, lui rappelait ce que c'est que lire une histoire à deux, réciter des leçons, ce que c'est qu'une culotte courte, une peau neuve et un genou couronné. A lui plus qu'aux autres elle donna cette douceur étrange, cette attitude un peu languide de ceux qu'a traversés l'envie de tout abandonner. Il usa de ce don des enfants : ne pas voir les chagrins pour mieux les consoler. Il racontait de drôles d'histoires à une mère dont les yeux, certains soirs, étaient pleins de larmes."

Nous ressentons également beaucoup de compassion face aux drames qui vont tâcher les vies de ces trois femmes, courageuses, fortes et sensibles. Les moments de bonheur, essentiellement liées aux mariages, aux naissances et aux histoires d'amour qui sont celles d'une vie, apportent un peu de légèreté dans cette époque qui n'était pas simple.

J'ai passé un très beau moment de lecture. La plume d'Alice Ferney m'a bouleversé par son humanité et sa profonde tendresse pour nos ancêtres féminins qui ont bercés le monde.

Un très beau coup de coeur, donc, pour ce petit roman, dont le contenu m'a fait vibré jusqu'à la dernière page.

Editions Babel ( couverture Film "Eternité") - Date de sortie 24 août 2016
6.70 euros
128 pages

4 commentaires:

  1. Ah oui, il a l'air magnifique ce roman !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il l'est, vraiment. J'ai passé un excellent moment de lecture et ai voyagé dans une autre époque avec délectation!

      Supprimer
  2. Les Livres en Folies05 octobre, 2016

    Je ne pense pas qu'il soit fait pour moi.

    RépondreSupprimer