mardi 17 octobre 2017

Une bouche sans personne - Gilles MARCHAND

Quatrième de couverture : Un comptable se réfugie la journée dans ses chiffres et la nuit dans un bar où il retrouve depuis dix ans les mêmes amis. Le visage protégé par une écharpe, on ne sait rien de son passé. Pourtant, un soir, il est obligé de se dévoiler. Tous découvrent qu'il a été défiguré. Par qui, par quoi? Il commence à raconter son histoire à ses amis et à quelques habitués présents ce soir-là. Il recommence le soir suivant. Et le soir d'après. Et encore. Chaque fois, les clients du café sont plus nombreux et écoutent son histoire comme s'ils assistaient à un véritable spectacle. Et, lui qui s'accrochait à ses habitudes pour mieux s'oublier, voit ses certitudes se fissurer et son quotidien se dérégler. Il jette un nouveau regard sur sa vie professionnelle et la vie de son immeuble qui semblent tout droit sortis de l'esprit fantasque de ce grand-père qui l'avait jusque-là si bien protégé du traumatisme de son enfance. 

Léger et aérien en apparence, ce roman déverrouille sans que l'on y prenne garde les portes de la mémoire. On y trouve les Beatles, la vie étroite d'un comptable enfermé dans son bureau, une jolie serveuse, un tunnel de sacs poubelle, des musiciens tziganes, une correspondance d'outre-tombe, un grand-père rêveur et des souvenirs que l'on chasse mais qui reviennent. Un livre sur l'amitié, sur l'histoire et ce que l'on décide d'en faire. Riche des échos de Vian, Gary ou Pérec, lorgnant vers le réalisme magique, le roman d'un homme qui se souvient et survit - et devient l'incarnation d'une nation qui survit aux traumatismes de l'Histoire.


Notre histoire avec le livre : En contact avec la Maison d'éditions Aux Forges de Vulcain, il nous a été proposé de découvrir ce roman. Nous remercions de tout cœur David pour sa confiance et sa gentillesse !

L'Avis de Laetitia


Mes impressions : L'histoire commence par cette phrase d'accroche: "J'ai un poème et une cicatrice". 

Cette histoire est celle d'un comptable dont la  particularité est d'avoir toujours une écharpe quel que soit le temps. Celle-ci cache en effet une douloureuse cicatrice...

Chaque jour, nous le suivons sur son lieu de travail: nous sommes en totale immersion dans l'entreprise dans laquelle il évolue, avec ses collègues et les histoires de la machine à café, les conflits de hiérarchie et les pots de départ. Le soir venu, notre narrateur dont le nom n'est jamais dévoilé, retrouve ses amis Sam et Thomas  dans un café sous le regard de Lisa, la patronne mais aussi leur amie qui assiste à leurs échanges et les alimentent parfois. 

Cette routine qui dure depuis de nombreuses années va se trouver chamboulée suite à un incident anodin: notre personnage renverse son café sur son écharpe. 

Sachant qu'il est temps pour lui de se dévoiler et de raconter le mystère du port quotidien de cette écharpe, notre narrateur va se dévoiler petit à petit à ses amis qui finalement ne se connaissent que très peu. D'histoires farfelues en événements dramatiques, nous découvrons d'abord la vie d'un grand-père, personnage fantasque et tendre. 

De nombreux passages m'ont fait pensé à "L'écume des jours" de Boris Vian ou à mon film préféré " Le fabuleux destin d'Amélie Poulain". Une certaine magie se dégage de ces passages. 

Si je me suis parfois demandée où l'auteur souhaitait m'emmener, je me suis aperçue que plus j'avançais dans ma lecture, plus je percevais la teneur émotionnelle qui allait arriver dans les dernières pages. Cela n'a pas raté. La fin de ce roman est pleine d'émotion et m'a bouleversé. 

Ce roman est une franche réussite et je suis ravie d'avoir pu le découvrir. 


L'avis d'Elsa

Mes impressions : Le narrateur est un homme dont nous ne connaissons pas le prénom. Comme s'il voulait effacer son identité, marquer sa grande discrétion. Comptable, il passe ses journées enfermé dans son bureau, sans contact, et le bas de son visage caché sous une écharpe, qu'il porte hiver comme été. Quel est son secret ? 

Las de cette vie monotone, il confie un soir des bribes de vie à ses amis Lisa, Sam et Thomas. Son histoire va susciter beaucoup d'intérêt, et va lui permettre de panser ses blessures, pour, peut-être, pouvoir commencer une nouvelle vie.

Gilles Marchand a réussi à me faire entrer immédiatement dans son histoire. Le côté décalé de la narration m'a intriguée. De cet homme, nous ne savons rien, si ce n'est qu'il cache une cicatrice sous son écharpe. De suite, j'ai eu envie de connaître l'origine de cette cicatrice. Mais l'auteur tient son lecteur en haleine jusqu'au dernier chapitre, revenant auparavant sur le passé du narrateur. 

A la fois poétique et psychologique, ce roman nostalgique est traité avec beaucoup d'humour. J'ai aimé faire la connaissance de cette bande d'amis écorchés par la vie, mais pourtant heureux de se retrouver chaque jour, et de profiter de l'instant présent, sans se préoccuper du reste.

J'ai aimé plonger dans les souvenirs du narrateur, qui évoque longuement Pierre Jean, son grand-père, avec qui il était très complice. De quoi nous faire réfléchir sur l'importance de la valeur familiale. 

La fin du roman m'a touchée, et je dois avouer que je ne m'y attendais vraiment pas. "Une bouche sans personne" est une agréable découverte et je remercie une nouvelle fois les éditions Aux Forges de Vulcain pour leur confiance.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire