lundi 21 mars 2016

Camille, mon envolée - Sophie DAULL

Quatrième de couverture : Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d'une fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire. Ecrire pour ne pas oublier Camille, son regard "franc, droit, lumineux", les moments de complicité, les engueulades, les fous rires ; l'après, le vide, l'organisation des adieux, les ados qu'il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent... Ecrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l'enfant disparue, pour endiguer le raz de marée des pensées menaçantes. Loin d'être l'épanchement d'une mère endeuillée ou un mausolée - puisque l'humour n'y perd pas ses droits -, ce texte est le roman d'une résistance à l'insupportable, où l'agencement des mots tient lieu de programme de survie : "la fabrication d'un belvédère d'où Camille et moi pouvons encore, radieuses, contempler le monde".

L'Avis de Laetitia

Mon histoire avec le livre: Je me promenais avec ma maman en librairie et j'ai vu ce livre. Sa couverture, superbe et au toucher vraiment particulier, m'a attiré ainsi que le titre, très poétique. La quatrième de couverture a fini de me conquérir et même ma maman m'a poussé à l'achat :). 

Mes impressions: Ce livre est une petite pépite...

Qu'il est difficile d'écrire sur le décès de la chair de sa chair...

Sophie DAULL est la maman de Camille, une adolescente pêchue, drôle, incisive et qui a la vie devant elle. L'auteure partage avec nous des moments de leur quotidien et cela nous permet de mieux connaître la jeune fille et la relation qu'elle entretenait avec ses parents. Malgré les hauts et les bas comme dans tout passage à la vie d'adulte, leur relation est teintée d'amour et de complicité. 

Alors quand soudainement, elle est atteinte d'une fièvre fulgurante et qu'elle se retrouve dans l'incapacité de bouger sans que cela ne lui cause des douleurs atroces, ses parents ne comprennent pas et ils vont tout faire pour soulager leur fille: appeler les médecins, le Samu, l'emmener aux urgences...
Mais son mal semble inconnu de tous et ils repartent toujours bredouille, une simple ordonnance de doliprane à la main et la souffrance inqualifiable de leur fille non diagnostiquée. 
C'est impossible de ne pas ressentir de la révolte et de l'incompréhension à ce moment-là...

J'ai été bouleversé par ce parcours du combattant...pendant 4 jours, Camille va vivre dans d'atroces souffrances et ses parents vont veiller sur elle sans relâche...jusqu'à ce que son corps dise stop, à la maison, dans sa chambre d'ado avec des médecins qui tenteront en vain de lui prodiguer un massage cardiaque qui ne la fera pas revenir...

Sophie DAULL raconte, heure par heure, ce qui s'est passé entre le 19 décembre et le 23 décembre 2013, jour où sa fille est partie, puis jusqu'au 2 janvier, jour des funérailles. 
Ces dernières m'ont fait pleurer, le chagrin de ce couple de parents est si poignant...

"Une autre chose : nous n'avons pas de nom. Nous ne sommes ni veufs ni orphelins. Il n'existe pas de mot pour celui ou celle qui a perdu son enfant. Je viens de faire le tour sur Internet : pas d'occurrence dans le dictionnaire, ailleurs on propose des suggestions toutes aussi farfelues les unes que les autres....un papa répond sur un forum : "si, j'ai un nom : je suis un mort-vivant."

L'auteur raconte sa survie, difficile à appréhender, son état et celui du papa de Camille. L'amour de leurs proches les porte, le besoin de parler sans cesse de Camille est présent car la peur de l'oubli ronge l'auteure.

Ce besoin de raconter ce qui s'est passé est un moyen de toujours se souvenir des derniers jours de leur enfant. 

"Dans le temps, les gens portaient un brassard ou des habits noirs pour signaler qu'ils venaient de perdre un proche. Ça les plaçait momentanément hors de la communauté des humains, ça forçait la distance, la délicatesse ; ça offrait le privilège de ne pas être tenu de se comporter comme tout le monde, de ne pas être mal considéré si on était plus lent, plus sombre, plus solitaire, plus réservé. On était repéré comme endeuillé, et les autres nous foutaient la paix. On avait le droit d'occuper une marge."

Ce livre est porteur d'amour: chaque mot, chaque ligne écrite par l'auteur exprime l'amour qu'elle avait pour sa fille unique et le désespoir de ne plus l'avoir chaque jour auprès d'elle.

"Je voulais aller nulle part. Mais il n'y a pas de nulle part. Je le savais déjà mais, depuis que tu es morte, ça me manque vraiment, un endroit où disparaître."

J'ai été absorbée par ma lecture, l'écriture est sincère, poétique par moment, teintée d'humour parfois lorsque Sophie Daull aborde le quotidien de sa fille avant le mal qui l'a emporté. 

Nous ne pouvons que ressentir tristesse suite à ce témoignage bouleversant  mais je prends cette lecture comme un message m'insufflant de profiter de no proches tant que nous les avons près de nous, au quotidien. Le temps est un voleur et profiter de chaque instant doit être la ligne directrice de nos vies.


L'avis d'Elsa

Mon histoire avec le livre : Laeti m'en avait parlé au moment de sa lecture, il était resté dans ma wishlist et puis, ayant acheté récemment ma liseuse, je me suis dit que c'était l'occasion de le découvrir en version numérique.

Mes impressions : Pour résumer ce livre, une seule phrase suffit : Il s'agit d'un témoignage d'une mère ayant perdu sa fille d'une maladie foudroyante. Je pense qu'il est inutile d'en dire plus, car nous savons, je pense, la douleur que peut ressentir cette Maman.

La mère de Camille retrace les grandes lignes de la vie de sa fille, raconte ses derniers jours, explique leur souffrance, tant physique que psychologique, et surtout, l'après.
Comment continuer de vivre lorsque l'on perd la chair de sa chair ? Comment survivre ? Comment avancer ? Et qu'en sera-t-il de cette famille, brisée par le départ de l'adolescente ?

Cette lecture est touchante, sans que nous tombions dans le pathos, ce qui m'a permis de ne pas me laisser envahir par les émotions. Cependant, j'ai regretté justement, non pas le manque d'émotions, mais ne pas avoir été plus touchée.

J'aurais aimé avoir également le ressenti du Papa de Camille, sur cette douleur sans nom, qu'il soit plus présent dans ce livre.

Malgré tout, cela reste un très beau témoignage, qui ne laisse pas indifférent, et que j'ai apprécié de pouvoir découvrir.

"Écrire, c'est te prolonger".

Date de sortie : 20 août 2015 - 192 pages - Editions Philippe REY
16 euros (format papier) - 10.99 euros (format numérique)
Sortie en format poche prévue le 24 août 2016

8 commentaires:

  1. Très belle chronique pour un terrible mais beau témoignage <3 Bonne semaine à vous 2 les filles :*

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    1. Merci Béné,
      Témoignage fort poignant, effectivement!
      Bonne semaine à toi aussi et merci pour ta fidélité par ici :)

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  2. Un livre poignant. Merci ton très bel avis qui laisse transparaître toutes tes émotions.

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    1. Merci à toi pour ce gentil retour...j'essais toujours, quand un livre m'émeut beaucoup, de retranscrire tout ce que j'ai ressenti, exercice pas toujours facile donc je suis contente que cela ressorte :) je ne peux que te conseiller cet ouvrage! Bonne journée!

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  3. Magnifique double avis les filles, vous m'avez beaucoup touché !

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  4. Hum ! Hum ! vous me tentez, les filles :)

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